RIQUELME Le maestro argentin

À Buenos Aires, un quartier situé le long de l'estuaire de la rivière Plate s'appelle La Boca, ce qui se traduit par "la bouche". Dans cet humble quartier ouvrier, vous trouverez El Caminito, une ruelle jonchée de tango de rue, de grills et, bien sûr, la Bombonera, le stade de l'emblématique Boca Juniors.

Ce quartier aime quatre choses : Boca Juniors, le pape, Diego Maradona et Juan Roman Riquelme.

Riquelme était un numéro 10 argentin classique, un meneur de jeu extrêmement créatif. Il était un maestro, avait un grand talent et une grande aptitude pour le jeu. Nous pensons que Riquelme était plus proche de Maradona que Messi ne l'a jamais été. 

Il possédait un toucher suprême, des capacités créatives et techniques et faisait mieux jouer les joueurs qui l'entouraient. Comme tous les footballeurs argentins habiles portant le numéro 10, Riquelme a rapidement été désigné comme le "nouveau Maradona".

Le malentendu Van Gaal

L'entraîneur du Barca, Louis van Gaal, est passé complètement à côté. Malheureusement, les philosophies entre Riquelme et Van Gaal étaient tout simplement trop incompatibles. On raconte que lors de son premier jour à Barcelone, le Néerlandais a remis à Riquelme un maillot pour son fils nouveau-né, en disant : "Il le portera probablement plus que tu ne portes le tien."

Juger Juan Román Riquelme de cette manière, c'est comme rejeter un tableau simplement parce que vous n'aimez pas le cadre. C'est comme conduire de la France à l'Italie en passant par les Alpes, pour ensuite se lamenter sur le fait que l'avion aurait été plus rapide. On dit que la beauté est dans l'œil de celui qui regarde, et malheureusement pour Van Gaal, il avait une vision floue.

Ce que Riquelme représentait, c'était l'un des derniers véritables numéros 10. Ce numéro, il l'a hérité à Boca Juniors de Diego Maradona, avec qui il a joué une fois en août 1997. Côte à côte, Argentinos Juniors n'avait aucune chance.

Riquelme était un joueur doté d'un toucher et d'une vision majestueux, qui avait besoin de la liberté de jouer à son propre rythme et de dicter le jeu. C'est comme si l'équipe était construite autour de lui. C'est ce que Carlos Bianchi a décidé de faire à Boca.

Pendant la majeure partie de sa carrière, Juan Román Riquelme semblait être un homme hors du temps. Dans un jeu qui évoluait vers plus de vitesse, plus de force et une domination physique, il était différent. Il était le dernier numéro 10 classique, appréciant le ballon plus que la sueur. Il faisait briller ses coéquipiers plutôt que de chercher les honneurs. Au moment où il s'est imposé, son type de joueur - les numéros 10 classiques - avait presque disparu. Il est resté à Boca jusqu'en 2002, remportant deux titres de l'Apertura et deux Copa Libertadores en cours de route.

En tant que fan inconditionnel de Boca, il a opté pour son équipe favorite. Il a fait ses débuts en Primera División contre Unión de Santa Fe en 1996, et a marqué son premier but en équipe nationale lors d'une défaite 6-0 contre Hurracan deux semaines plus tard.

Considéré comme l'un des derniers véritables numéros 10, Riquelme s'est approprié le rôle de meneur de jeu, capable de faire sauter les verrous des défenses les plus coriaces grâce à des passes précises et un niveau de créativité que seuls les joueurs les plus rares possèdent.

Riquelme, qui avait alors 34 ans, a déclaré qu'il quitterait le club parce qu'il n'avait plus assez d'énergie pour continuer. Riquelme a admis qu'il allait quitter Boca parce qu'il n'avait plus rien à donner car il était épuisé, et a également signalé qu'il avait besoin d'une pause dans le football.

L'échec de Riquelme à devenir l'homme principal du Barça a peut-être été la meilleure chose qui pouvait arriver à sa carrière. Mal aimé à Barcelone, il a trouvé refuge à Villarreal, où il a été envoyé en prêt, et chez les petits de la Liga, il s'est rapidement imposé comme le meilleur meneur de jeu du monde.

Alors qu'à Barcelone, on lui reprochait d'être lent, paresseux en défense et inefficace en contre-attaque, à Villarreal, sous la direction de Manuel Pellegrini, il a pu se concentrer sur les meilleures qualités de son jeu. C'est à Villarreal que Riquelme a pu s'affirmer à nouveau comme le joueur qu'il avait été en Argentine. Dirigé par le Chilien Manuel Pellegrini, le sous-marin jaune devient rapidement une force offensive incontournable.

Aujourd'hui âgé de 27 ans, Riquelme a mené Villarreal en demi-finale de la Ligue des champions lors de la saison 2005/06. Personnage énigmatique, Riquelme se brouille avec Manuel Pellegrini et retourne à Boca Junior en 2007, où il remporte une nouvelle Libertadores et reste jusqu'à sa retraite en 2014. Malheureusement, la prémonition de Roig allait devenir réalité. Après son retour à Boca en février 2007, Riquelme n'a plus jamais joué en Europe.

La perte de l'Espagne est un gain pour l'Argentine. En cinq mois, Riquelme a remporté sa troisième Libertadores.

En 2006, Riquelme a participé à sa première et unique Coupe du monde. Après la Coupe du monde, les mauvaises habitudes de Riquelme lui font perdre peu à peu sa place dans l'équipe. En 2007, il a été prêté à Boca pour cinq mois, juste à temps pour participer à la Copa Libertadores.

"Si nous devons aller de A à B, la plupart d'entre nous prennent l'autoroute à six voies et y arrivent le plus vite possible. Tout le monde, sauf Riquelme.

Il choisissait la route de montagne sinueuse, qui lui prend six heures, mais qui vous remplit les yeux de scènes de paysages magnifiques."

Jorge Valdano, ancien attaquant argentin

En fin de carrière, il est resté un héros dans le club qu'il avait soutenu dans son enfance, avant de trouver l'énergie pour un dernier passage là où tout a commencé, à Argentinos Juniors.

Le style de jeu de Riquelme a toujours fait le bonheur des supporters, mais il était réputé pour sa discrétion sur le terrain.

Il ne souriait jamais et marquait plutôt les jeux d'une concentration étudiée.

Pendant ses nombreuses années en tant que joueur, son tempérament a aliéné les managers et les joueurs. "Je n'ai jamais cru aux tactiques", disait Riquelme. "Le football est très simple. Si vous jouez bien, si vous jouez mieux que votre adversaire, alors vous avez plus de chances de gagner. Ce sont les autres qui veulent que ça ait l'air plus compliqué."

Mais une chose est sûre, le héros argentin restera longtemps dans la mémoire du beau jeu.

 

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